Saint Bol ou Pas d’bol

Barrage de Sivens

Un jeune homme tué pendant des échauffourées avec la gendarmerie mobile, sur un ouvrage dont l’utilité est très vivement contestée. Vous allez en entendre parler, soyez-en assurés ! La mort pourrait être due à une explosion et l’hypothèse a été émise qu’il pourrait s’agir de cocktails molotov qu’il aurait transportés dans son sac à dos… J’ai comme un doute : étrange dans ce cas qu’on n’ait pas retrouvé un cadavre calciné. Mais bon, faut avouer, je ne suis pas expert en explosifs ni en produit hautement inflammables…

Début des années 1980, lorsque nous montions à Chooz pour nous opposer à la construction de la centrale nucléaire. Contestation d’autant plus violente que les sidérurgistes de Vireux – dont l’usine allait fermer ou était déjà fermée, je ne me souviens plus – armés de lance-pierres et de boulons, participaient aux opérations. Je ne me souviens plus si les grenades offensives existaient déjà mais les gaz lacrymogènes, bien (comme disent nos voisins belges). Je n’étais pas violent. Juste le souvenir d’un face à face inattendu avec un gendarme mobile immobile, planté à dix mètres de moi qui venais de ramasser la goupille d’une grenade et qui, sur le coup de la surprise, ai fait mine de la lui jeter. Les « hostilités » en sont restées là. Il m’a traité de « petit con » et nous nous sommes séparés. Peut-être avait-il un fils de mon âge ? Mais, à cette époque, avec son harnachement et son fusil, en aucun cas, il ne m’aurait attrapé. Je n’étais pas Bob Hayes mais j’avais encore une bonne pointe de vitesse !

Cet aparté personnel mis à part, juste pour rappeler aux plus jeunes qui ne me liront de toute façon pas, que ces manifs ± violentes ont toujours existé à travers le monde. Cet aparté personnel mis à part, pour déplorer la mort d’une personne jeune, qu’elles qu’en soient les raisons et les circonstances. Mort injuste, imbécile, incompréhensible… Je vous laisse trouver les qualificatifs idoines. Mort utilisée quelque part pour dénoncer la répression policière. J’aurais pu ajouter, par pure provocation, « à bon ou mauvais escient, peut me chaut » mais ça aurait risqué de déclencher une polémique de plus et de nouvelles, stériles et interminables discussions…

Lieux et circonstances oubliés ou inventés, peu importe

Une jeune femme violée et tuée par un « déséquilibré », un jeune commerçant tué lors d’un braquage, pour 200 euros, une somme « dérisoire ». Sa mort aurait-elle plus de sens s’il s’était agi d’un vol de 2 000, 20 000 euros ou 200 000 euros ? A moins qu’on accorde une valeur pécuniaire à la vie. Vous allez en entendre parler, soyez-en assurés ! Dans les deux cas, deux jeunes vies anéanties alors qu’elle s’épanouissait devant eux, la vie. Comme pour Rémi Fraisse. Et des parents atterrés, comme je le serais moi-même. Morts utilisées comme symboles de la « montée de la criminalité ». Chères aux va-t-en guerre de la répression. Laquelle répression… Voir la première partie. On nous guide, on sombre, on nous fait sombrer dans le monde de l’émotionnel et du symbolisme instrumentalisé. Si utiles lorsqu’il s’agit de formater les esprits, de leur faire acquérir les « bons » réflexes afin de mieux les manipuler. De créer les nouveaux poilus de 14-18 qui partiront en guerre, quelle qu’elle soit, la fleur au fusil. Comme d’hab. Peur de s’attaquer aux causes, trop difficile. Surtout pour des politiques qui ne vivent que dans le court terme, rythmés par les échéances des élections suivantes.

Quartiers nord de Marseille

Je ne suis pas chargé des stats mais il me semble qu’ils y ont fêté le 16ème jeune mort cette année, d’une rafale de kalachnikov, de 5 coups de fusil de chasse ou de… Mort tout aussi violente que les précédentes. Mort tout aussi injuste, imbécile, incompréhensible. MAIS « mort d’un jeune connu des services de police ». Et ça, ça change tout. Vous en entendrez parler mais brièvement, dans l’attente du 17ème… Des morts auxquels on n’attache peu ou pas d’intérêt. J’ai déjà entendu dire, j’entendrai dire encore que « par rapport aux milliers de morts sur les routes (c-à-d causés par la circulation routière), c’est bien peu de chose, 16 morts. Et puis, il ne s’agit que de trafiquants de drogue, de jeunes délinquants. Qui n’ont eu que ce qu’ils méritaient etc, etc… Des morts sans importance, des bons à rien (sans jeu de mot cette fois), Saints Pas d’bol de la montée de la délinquance. Qui seront instrumentalisées, n’ayez crainte, pour réveiller les moutons qui sommeillent en chacun de vous.

Ces jeunes n’ont-ils pas de parents comme les autres, des parents qui vont les pleurer ? Et si ! Et leur douleur est tout aussi respectable que celle des autres parents. Et je m’associe à elle, comme je le fais pour les autres. Quelles qu’en soient les causes, la mort d’un être jeune est une mort de trop, un véritable gâchis.

Ne serait-il pas temps de se demander si nos dérives sociétales n’auraient pas au moins une once de responsabilité dans cette violence ? A ce sujet, Il faut rassurer Nicolas S., ce n’est pas génétique. Trop tard pour ce qui nous concerne – au moins actuellement – notre société néolibérale s’organise autour de chiffres, de notions de compétitivité, de marchés, d’économies, de pertes et profits, de statistiques… Les humains ne sont que des rouages plus ou moins importants, plus ou moins anecdotiques selon leur « valeur » socio-économique. Et leur valeur symbolique que l’on peut utiliser, manipuler, surtout dans la mort.

27/10/2014, 3h du mat’

Aux dernières nouvelles, Rémi Fraisse a été tué par une grenade offensive. Il n’y a guère que chez les politiques et dans la justice et la police, relayés par les médias, que, selon de prétendues vraisemblances, il aurait pu s’agir d’autre chose. C’est fou comme les différents pouvoirs rechignent à reconnaître leurs erreurs, bavures policières en tête. Ils demandent aux délinquants de tout poil de tout avouer mais pour ce qui les concerne, ils font preuve d’une timidité timorée de jeune vierge prude énamourée.

30/10/2014

Tardif éclair de génie (aux enzymes et sans bouillir)

Entendu une journaliste qui, pour démontrer la violence des manifestants de Sivens ( ?), évoquait les boucliers et casques qu’ils portaient. Eût-elle parlé de battes de baise-baule, de machettes, d’armes à feu que j’eusse acquiescé. Mais, à ma connaissance, boucliers et casques sont plutôt utilisés pour se protéger. Et quand lacrymos et grenades offensives vous tombent sur la tronche, ils peuvent être les bienvenus.

 31/10/2014

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