Oie cendrée

Au tout début, il y eut ce communiqué de FNE (France Nature Environnement   qui fédère près de 3 000 associations agissant dans le cadre de la protection de l’environnement) : « A la demande des chasseurs, la ministre de l’écologie a soumis au Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage, hier mardi 31 janvier, un arrêté autorisant la chasse des oies « aux fins d’études scientifiques » du 1er au 10 février 2012. Or, il existe déjà un programme d’étude sur les oies, coordonné par l’ONCFS, et aucune raison scientifique n’exige de tuer des oies après la fermeture de la chasse ! En réalité, sous couvert d’études, il s’agit de contourner la décision du Conseil d’Etat qui a demandé à la ministre de fixer la fermeture de la chasse des oies au 31 janvier. »

Ces prélèvements à des fins pseudo-scientifiques concernent 13 départements du littoral atlantique. Dans chacun d’entre eux, 15 oies (cendrée, des moissons, rieuse) pourront être tuées. Cette étude porterait donc sur 195 oies officiellement tuées, sans doute davantage si l’on considère que lorsque le quota de 15 sera atteint, il faudra faire savoir à tous les nouveaux convertis apprentis « chercheurs » que ledit quota est atteint et que « l’étude scientifique » est arrivée à son terme…

Un copain, membre de la Commission Nationale pour la Protection de la Nature rappelle que le recours, dans cet arrêté, à l’article L. 424-2 du code de l’environnement est injustifié. D’une part, il ne reprend pas la clause « d’absence d’autre solution satisfaisante » de la Directive oiseaux (article 9-1. c), laquelle serait donc incomplètement transposée dans la législation française, d’autre part, cette dérogation n’a pas lieu d’être puisque les oies sont activement chassées pendant la période réglementaire de chasse en France (20 850 tuées ± 22,2 % en 1998-1999 selon le Bulletin technique & juridique 251 d’août-septembre 2000, rédigé par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) et que des centaines de milliers d’oies ont été tuées au cours de la décennie passée.

J’ai donc proposé d’adresser à Odile Gauthier, signataire de cet arrêté, des sujets d’études scientifiques que l’on désirerait entreprendre, cette année ou les années futures, afin de montrer que dans notre beau pays, si la chasse continue à tuer les oies migratrices, le ridicule ne tue heureusement pas encore… (Odile.GAUTHIER@developpement-durable.gouv.fr)

J’ai à ce jour envoyé trois projets d’études scientifiques :

1. Incidence du calibre 12 sur l’angle d’atterrissage de l’Oie cendrée (Anser anser) en milieu naturel.

2. Saturnisme chez l’Oie cendrée (Anser anser), par ingestion naturelle de plombs de chasse et/ou par réception accidentelle d’une volée de plombs de chasse. Comparaison des deux modes de décès, seuil létal, variations selon les calibres utilisés.

3. Variabilité spatio-temporelle de l’intérêt culinaire du plomb de chasse utilisé comme exhausteur de goût dans la cuisson à l’étouffée de l’Oie – de moins en moins – rieuse (Anser albifrons) en milieu littoral atlantique.

Et un projet d’étude baptisée socio-ethnologique :

Importances de la Baleine grise dans l’imaginaire halieutique nippon et de l’Oie cendrée dans l’imaginaire cynégétique français. Mythes et mystification.

NB : Cette oie isolée est une Bernache du Canada, une espèce « invasive » apparue en Europe en raison des nombreuses introductions artificielles effectuées ici et là depuis de nombreuses années. (cf Immigrants clandestins)

25/02/2012

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