Le meilleur des mondes

Si vous croyiez qu’il allait bientôt frapper à votre porte, vous vous êtes foutu le doigt dans l’œil et oserais-je l’ajouter, plutôt profond ! Je ne vais pas gloser sur cette œuvre de mon vieux pote Aldous, je m’en tiendrai comme d’hab à dénoncer notre vieux monde de bipèdes de plus en plus con et dégueulasse, pardon de plus en plus affligeant et consternant. Et de plus en plus inégal.

Rassurez-vous tout le monde n’est pas dans la panade dans notre merveilleux pays : en 2016, 56 000 000 000 d’euros de dividendes ont été gracieusement offerts aux actionnaires du CAC 40. Début 2017, les 21 personnes les plus riches possèdent autant que les 40 % les plus pauvres.

De par le monde, les milliardaires se développent comme des mouches attirées par vous savez quoi : 8 d’entre eux détiennent aujourd’hui autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Soit quelque 3 600 000 000 de personnes. En 2010, il fallait qu’ils s’y mettent à 388 pour réaliser cette performance. Entre 2010 et 2015, le patrimoine des 62 premières fortunes mondiales a augmenté de plus de 500 milliards de dollars pour atteindre un total de 1 760 milliards. Bilan établi juste avant le sommet de Davos de janvier 2017 : les 1 % les plus riches possèdent autant de richesses que les 99 % restants.

Vous en voulez encore une grosse dose ? Je cite in extenso le rapport d’Oxfam publié le 18/01/2016 :
« En 2015, les pays du G20 ont décidé de mettre un frein à l’évasion fiscale des multinationales dans le cadre de l’accord BEPS, mais ces mesures ne vont guère aider les pays les plus pauvres et c’est à peine si elles tiennent compte des problèmes posés par les paradis fiscaux.
On estime que 7 600 milliards de dollars de capitaux privés sont détenus sur des comptes offshore, ce qui représente un douzième de la richesse mondiale. Si des impôts étaient payés sur les revenus générés par ces avoirs, les États disposeraient de 190 milliards de dollars de plus par an.
Selon les estimations, 30 % des avoirs financiers africains seraient placés sur des comptes offshore, ce qui représente un manque à gagner fiscal de 14 milliards de dollars par an pour le continent. Cette somme suffirait à couvrir les soins de santé maternelle et infantile qui pourraient sauver 4 millions d’enfants par an. Elle permettrait également d’employer suffisamment d’enseignant-e-s pour scolariser tous les enfants africains.
Neuf entreprises partenaires du Forum économique mondial sur dix sont présentes dans au moins un paradis fiscal, alors que l’évasion fiscale des multinationales coûterait au moins 100 milliards de dollars par an aux pays en développement. Les investissements privés dans les paradis fiscaux ont pratiquement quadruplé entre 2000 et 2014…/…
En revanche, les personnes déjà fortunées ont bénéficié d’un taux de rendement du capital (intérêts, dividendes, etc.) constamment plus élevé que le taux de croissance économique. Cet avantage a été accentué par le recours aux paradis fiscaux. C’est là probablement l’exemple le plus frappant que donne le rapport de la façon dont les règles du jeu économique ont été remaniées pour excessivement développer la capacité des riches et des puissant-e-s à asseoir leur richesse. »

Quand je (re)pense à ce pauvre Nicolas qui pérorait le 23/09/2009 sur deux chaînes télévisées, affirmant : « Il n’y a plus de paradis fiscaux. Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est fini. ».

Cf Delaware’s paradise and Delaware’s paradise (suite)

Sources : Politis N° 1437 du 19 au 25/01/2017
https://www.oxfam.org/fr/salle-de-presse/communiques/2016-01-18/62-personnes-possedent-autant-que-la-moitie-de-la-population

21/01/2017